« Le Havre. Salariés ou libéraux, ce que veulent les jeunes médecins »
Tendance Ouest, 18/02/2022
Santé. Être entouré, maîtriser ses heures, avoir des locaux ou du matériel bien définis… Les nouveaux médecins généralistes veulent travailler différemment. Exemple au Havre ou à Montivilliers.
Elle ne connaissait pas Le Havre. C’est pour suivre son marin de mari, de retour dans sa ville d’origine, que le Dr Chloé Fèvre s’est installée dans la cité Océane, l’été dernier. La jeune femme est médecin généraliste, salariée. « Ce qui me plaît le plus dans ce statut, c’est le fait de pouvoir se focaliser sur le médical« , explique-t-elle dans son cabinet, installé au sein du pôle de santé Sagéo.
Le généraliste au centre
Cette structure a ouvert en septembre 2020, à deux pas des Docks Vauban. Ici, l’administratif est pris en charge par trois secrétaires médicales, qui appuient les trois généralistes, ainsi qu’une infirmière, une sage-femme et un kinésithérapeute. Un travail d’équipe que met également en avant Dr Fèvre, tout comme la protection sociale dont elle bénéficie en tant que salariée. Par ailleurs, dans ce type de centre, le temps de travail est variable selon les médecins, et certains optent pour la semaine à quatre jours.
Sagéo Le Havre est un projet pilote, pour Sagéo, dont le modèle dérogatoire a vu le jour à l’issue d’une vaste réflexion nationale, menée en 2018, sur les attentes des jeunes médecins généralistes. « L’idée est de créer des plateaux techniques de ville autour de généralistes, reliés à des plateaux techniques hospitaliers ou des médecins spécialisés. On n’est pas dans une logique de maison de santé où l’on loue des espaces à des tiers du monde médical [cardiologues, gynécos, etc.]. Là, l’objectif est que des médecins s’installent sur des territoires en tension et contribuent à améliorer l’offre de santé en soin primaire« , précise Nicolas Boudeville, président de Sagéo. Une foncière, dans laquelle est entrée la caisse des dépôts, institution financière publique, achète et aménage les bâtiments. Une autre société se charge de développer les centres, avec l’ambition d’en ouvrir six à huit par an. Parmi les critères que doit respecter Sagéo en contrepartie : pratiquer le tiers payant intégral ou faire venir des médecins qui ne sont pas encore installés sur le territoire. À terme, le centre devrait aussi ouvrir de 8 heures à 22 heures, six jours sur sept, afin de contribuer à désengorger, en soirée, les services d’urgences. Actuellement, trois généralistes travaillent au centre du Havre, un quatrième devrait arriver prochainement. Sur ses seize premiers mois d’existence, Sagéo a vu défiler près de 5 000 patients différents (hors ophtalmologie et biologie), dont « beaucoup de pathologies lourdes, qui nécessitent un suivi régulier« , selon Nicolas Boudeville. Une patientèle qui intéresse, selon lui, la nouvelle génération de médecins, qui bénéficie du plateau technique avec électrocardiogrammes, radiologie, échographie… « Le numérique représente 20 % du coût des travaux. On a la possibilité de transmettre des données à un spécialiste en temps réel, dans les pièces dédiées à la téléconsultation. » Fin 2021, 1 867 personnes avaient pu obtenir un médecin traitant dans ce centre. « Si on ne rentre pas un quatrième médecin bientôt, on ne peut plus prendre de patients« , estime Nicolas Boudeville. C’est justement le plus compliqué, à l’heure actuelle, pour le Dr Chloé Fèvre. « Ce qui est difficile, c’est de dire non, les laisser dans une errance. »
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